La quête d’âmes errantes ou la profondeur d’un magnifique roman...
Les mots me manquent pour décrire la force du texte et de la plume de Pierre Jarawan dans son nouvel ouvrage: “ Un chant pour les disparus”. Nous avions découvert l’auteur avec “Tant qu’il y aura des cèdres” , l’an dernier. Un ouvrage qui avait déjà remporté un franc succès parmi nos lecteurs. Mais là, c’est une immense claque que l’on prend. Une écriture, certes dense, mais d’une immense épaisseur littéraire. Un grand auteur est né et son traducteur est à saluer pour une traduction qui va au plus près des émotions que le texte dégage. Boule à multiples facettes, cette histoire abrite tous les prismes d’une réflexion sur un pays qui a été en guerre, l’est encore par moments. Et si ce roman se déroule au Liban, il aurait pu se dérouler dans tout autre pays soumis aux affres de tempêtes géopolitiques. On y aborde la disparition de simples humains qui se sont trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment. On y aborde l’errance, le déracinement, les blessures d’enfant, une quête intérieure, un passé qui nous rattrape. C’est l’histoire d’Amin qui n’a quasiment jamais connu ses parents, dont la grand-mère Yara s’est occupée... Yara qui dissimulait un passé. Et nous nous trouvons à fouiller, avec Amin, ce passé comme on explore un grenier chargé de reliques. C’est l’histoire d’un tableau, d’images qui par un simple détail traduisent la complexité de conflits et rendent hommage aux disparus. C’est l’histoire d’une amitié entre deux gamins, tissée de contes pour survivre. C’est l’histoire de violences et de privations de libertés dont souffrent des femmes. C’est l’histoire de personnes qui se perdent, d’autres qui se retrouvent.
« Un chant pour les disparus » de Pierre Jarawan ( Éditions Héloïse d’Ormesson) est un ouvrage de haute voltige, un peu long parfois mais dont l’écriture, poétique et puissante, ne laisse pas indemne.
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