Un premier roman douloureux et probablement inspiré de faits réels et effrayants. Mais quel livre, bien écrit, nécessaire, pour dénoncer les maltraitances faites aux femmes dans certaines régions du Moyen Orient! En l’occurrence, nous sommes au Kurdistan dans les années 1986-1991 sur fond de massacres des minorités par l’armée de Saddam Hussein . La petite Frmesk, à peine née, est rejetée et menacée par son père. Ses grands-parents maternels l’accueillent, la prennent sous leur aile, la protège d’une société enferrée dans un obscurantisme ancré et meurtrier. Son grand-père pousse son entourage à s’instruire, à se délester de ses dogmes archaïques et assassins. En vain. Sa grand-mère est laveuse de morts. Elle lave des femmes, défuntes, victimes de violences et d’injustices révoltantes. Ces anges qu’elle libère... Femmes tombées sous les coups des hommes ou vivant sous le spectre d’une religion vissée dans ses certitudes. L’auteure, d’origine kurde réside au Danemark. Diplômée de science politique, figure importante de la lutte internationale pour les droits humains, Sara Omar a fait l’objet de sérieuses menaces pour ses écrits et son noble combat. Premier tome d’une trilogie, cet ouvrage nous confirme combien la culture est indispensable pour sauver ces peuples emprisonnés dans leur foi et dans leur hypocrisie séculaire.
Florence Ka
« La Laveuse de mort », de Sara Omar ( Actes Sud ) est disponible chez Autour d’un livre et toutes les librairies de France.
Comments